La première conférence Historical Materialism Paris 2025 aura lieu du 26 au 28 juin 2025. *** La conférence Historical Materialism Paris 2025 a pour objectif de faire connaître et mettre en débat les recherches marxistes contemporaines. Il s'agit d'une conférence qui s'adresse à l'ensemble des sciences sociales. *** Appel à contributionsHistorical Materialism Paris 2025 : Conjurer la catastrophe
Sur le plan intellectuel, le marxisme a indéniablement retrouvé une audience au sein des franges critiques du champ intellectuel et des mouvements d’émancipation, en se liant à leurs secteurs les plus dynamiques et ce, malgré l’absence d’organisations communistes de masse. Nous sommes ainsi sortis de la longue période de déclin du marxisme issue de l’offensive proprement contre-révolutionnaire qui a si fortement marqué le champ intellectuel en France dans les années 1980 et 1990, au point que Perry Anderson pouvait alors parler de Paris comme de la « capitale de la réaction intellectuelle en Europe » et que Bourdieu pouvait parler de cette période comme celle « où le dernier must de la mode [était] d’être revenu de tout, et d’abord du marxisme ». Cet appel s’adresse à la fois à des chercheurs·ses mais aussi à des militant·es et à tou·tes celles et ceux qui, dans le cadre du marxisme ou en dialogue avec le marxisme, se confrontent aux questions de la politique d’émancipation. Nous invitons les intervenant·es à proposer des panels ou des abstracts (300 mots maximum), en français ou en anglais, avant le 15 février 2025, portant notamment sur les axes suivants (en indiquant 1 ou plusieurs axes dans lesquels s’inscrit leur proposition). Pour déposer les propositions : https://hmparis2025.sciencesconf.org/. Pour nous contacter : paris@historicalmaterialism.org. Axe théorie marxisteLes post-marxismes, qui tendent à réduire le marxisme à une tradition dont on pourrait se contenter de tirer arbitrairement quelques éléments en faisant abstraction des autres, imposent de s’interroger sur ses spécificités. D’une part, le marxisme constitue un cadre théorique général permettant d’analyser la réalité humaine dans toutes ses dimensions, un projet de science humaine totale articulant l’étude de toutes les sphères sociales (économie, politique, culture et idéologie, etc.) et même naturelles (métabolismes socio-écologiques). Mais comment comprendre une telle articulation, et ne risque-t-on pas d’écraser la réalité sociale sur une seule de ses dimensions (réductionnisme, économicisme) ? D’autre part, le marxisme constitue une critique de la réalité sociale établie visant à la renverser, et est en ce sens indissociable d’une lutte politique. Comment comprendre l’unité de la théorie et de la pratique qui est censé le caractériser ? Ne risque-t-elle pas de nuire à sa rigueur intellectuelle ? Et quelles modifications du cadre théorique doivent être acceptés pour suivre les changements historiques (problème de l’historicisme) ? Ce panel s’interrogera donc sur les spécificités du marxisme par rapport aux autres théories sociales, ainsi qu’aux éventuels problèmes qu’elles posent.
Axe ClasseDe Marx aux recherches les plus contemporaines, en passant par les théoriciens du début du 20e siècle et la relance du débat dans les années 1960-70, le marxisme a toujours accordé une importance déterminante à la division en classes sociales et à leurs antagonismes, conçus comme un élément central pour comprendre la dynamique des sociétés capitalistes. Cet axe propose de croiser les différentes perspectives théoriques et politiques qui découlent de ces principes : Axe féminismeDepuis le 20ᵉ siècle, le féminisme marxiste analyse l’exploitation des femmes et des minorités de genre dans le système capitaliste patriarcal et racial. Il enrichit la théorie des inégalités sociales tout en soutenant des pratiques militantes visant à renverser l’hétéropatriarcat, avec une approche anti-essentialiste des dominations et une défense de la convergence des luttes. Aujourd’hui, une nouvelle vague féministe remporte des victoires mondiales, mais elle affronte un backlash : menaces sur les droits des femmes et des minorités, récupération par le féminisme néolibéral, et montée des doctrines antiféministes d’extrême-droite. Cet axe souhaite offrir un espace de discussion sur les thématiques suivantes : - Féminismes contre l’extrême droite : face à une contestation féministe massive, l’extrême droite, en France et ailleurs, adopte des discours transphobes, xénophobes et islamophobes, s’attaque aux études de genre, limite le droit à l’avortement et alimente des violences homophobes et transphobes. Ce sous-axe analyse discours, pratiques et politiques de ces mouvements pour mieux les combattre. - Violences patriarcales : les mobilisations comme MeToo et Ni una menos ont remis sur le devant de la scène les violences faites aux femmes et aux minorités de genre, exacerbées en contextes de guerre (Ukraine, Palestine, RDC, Soudan). Ce sous-axe explore théories, mobilisations, autodéfense et imbrications des violences. - Féminismes/queers et écologie : alors que l’écologie est un enjeu central et parfois instrumentalisé par le capitalisme, ce sous-axe examine l’impact des bouleversements environnementaux sur les femmes et minorités de genre, leurs rôles dans les luttes écologiques, ainsi que des approches écoféministes. - Pratiques militantes : ce sous-axe réfléchit aux évolutions des pratiques militantes féministes, entre avancées (démocratie interne, prise en compte des violences) et limites (course aux oppressions, tensions intracommunautaires), en interrogeant nos modes d’organisation. - Épistémologie marxiste féministe : contributions théoriques ou empiriques analysant les rapports de domination d’un point de vue marxiste féministe, notamment autour de la Théorie de la Reproduction Sociale, sont bienvenues, ainsi que des réflexions sur autrices peu connues ou des recherches innovantes. Nous encourageons les communications empiriques portant sur des études de cas historiques ou contemporains, sur des mobilisations, sur des productions artistiques... Les retours d'expériences d'un point de vue militant sont tout autant les bienvenus que les propositions scientifiques.
Axe ÉconomieLa profonde crise économique de 2008 a révélé les contradictions du néolibéralisme, sans qu’apparaisse une nouvelle dynamique capitaliste un tant soit peu stable. Plutôt que de subir un coup d’arrêt définitif, la financiarisation s’est transformée et les entreprises sont de plus en plus sous perfusion des autorités publiques - au point de ressusciter l’idée de capitalisme d’Etat. Alors que l’inflation est revenue dans les pays du centre, les difficultés sociales, économiques et écologiques ont continué à s’aggraver dans la périphérie. Les inégalités existantes ont été cimentées et même élargies par la monopolisation intellectuelle d'une part encore plus importante des connaissances produites par la société, des vaccins anti-Covid aux technologies numériques. Comme si tout cela ne suffisait pas, l’ère de l’IA dans laquelle nous vivons actuellement est aussi une ère de guerre et de stagnation, sur fond de tendances rentières. Voici une liste non exhaustive de questions dont cet axe pourra permettre de débattre : - Comment comprendre les contradictions économiques liées à la crise écologique : nouvelles stratégies d’accumulation liées à la « transition écologiques », renouveau de la planification, reconfiguration de la polarisation centre-périphérie… ?
Axe Fascisme et antifascisme
Ces dix dernières années, une série de phénomènes ont contribué à remettre la question du fascisme – et de l’antifascisme – au premier plan des discussions au sein de la gauche et du marxisme : des victoires électorales de l’extrême droite à la guerre génocidaire menée par l’État colonial israélien contre Gaza, du durcissement autoritaire des États capitalistes à l’explosion des actes terroristes commis par des militants suprémacistes. Alors que le débat marxiste autour du fascisme paraissait anesthésié, figé dans des oppositions rituelles et des catégories généralement héritées de l’entre-deux-guerres, de nombreux travaux ont permis une réappropriation, un enrichissement et un renouvellement des questionnements, des outils conceptuels et des hypothèses théoriques et stratégiques. On se propose ainsi dans cet axe d’avancer sur les questions suivantes (sans que cette liste soit exhaustive) : - Comment caractériser les extrêmes droites contemporaines ? La catégorie de fascisme demeure-t-elle pertinente pour les penser, et si oui sous quelles conditions théoriques, ou doit-on recourir à d’autres catégories (néofascisme, postfascisme, fascisme tardif, bonapartisme, etc.) ? - Quelles sont les bases sociales de ces extrêmes droites et comment ces dernières parviennent-elles à s’enraciner dans le corps social ? Quels sont les vecteurs de progression électorale – et parfois militante – de ces forces politiques ? - Dans quelle mesure les transformations en cours des États capitalistes peuvent-elles être saisies comme des dynamiques de fascisation ou ne doit-on y voir que la continuation des processus de dé-démocratisation associés au capitalisme néolibéral ? - Quel rôle joue spécifiquement l’impérialisme et le racisme, en particulier sous la forme de l’islamophobie, dans les processus de durcissement autoritaire et la montée des extrêmes droites ? - Comment les extrêmes droites se saisissent-elles des questions environnementales, entre défense inconditionnelle du capitalisme fossile (carbo-fascisme) et appels à bâtir une écologie identitaire (éco-fascisme), et quel rapport les mouvements environnementalistes entretiennent-ils avec elles ? - Quelles transformations peut-on mettre en évidence dans la politique de genre et sexuelles des extrêmes droites, du fascisme historique jusqu’aux différents courants actuels de l’extrême droite ? - Comment penser l’antifascisme aujourd’hui et quel rôle peut-il (ou doit-il) jouer dans la reconstruction des forces de gauche ?
Axe ImpérialismeDepuis la fin de la Guerre Froide, les tensions inter-étatiques et les conflits armés entre Etats et groupes non-étatiques se sont multipliés à travers le monde. En parallèle, la course à l’armement atteint chaque année un nouveau record de dépenses militaires, lesquelles augmentent à un rythme plus soutenu que le PIB mondial. Loin des illusions libérales sur la paix perpétuelle assurée par le marché mondial, la pensée marxiste se singularise par la mise en évidence du lien étroit entre le développement du capitalisme et les tensions géopolitiques. La situation actuelle appelle donc à un retour en force des raisonnements fondés sur les théories de l’impérialisme. Ce stream vise à rassembler des réflexions théoriques et analyses concrètes inspirées par les conceptions marxistes de l’impérialisme. Voici une liste non exhaustive de questions à débattre dans cet axe :
Axe ÉtatDepuis les interventions massives des Etats après la crise de 2008 jusqu’au réarmement en cours de toutes les principales puissances géopolitiques en passant par le management de la pandémie, les recherches critiques sur l’Etat, en particulier celles d’inspiration marxiste, ont connu un regain d'intérêt, pour des raisons autant théoriques que pratiques. Dans cet axe, nous proposons de les approfondir notamment selon les trois problématiques suivantes : - État, exploitations, dominations : l’une des interrogations structurant les approches marxistes de l’État est celle de son rapport avec l’exploitation capitaliste. Dans quelle mesure l’État est-il un instrument aux mains des capitalistes, ou remplit-il des fonctions capitalistes pour des raisons structurelles ? Quelle est la spécificité des États capitalistes, par rapport aux États antiques et féodaux par exemple ? Est-ce qu’aujourd’hui l’on peut remarquer des différences substantielles entre le fonctionnement des Etats à l'échelle globale ? Comment, dans tous les cas, repenser la question de son autonomie relative ? De tels problèmes, que l’on trouve en germe chez Marx et Engels eux-mêmes, et qui ont donné lieu à des controverses célèbres (entre Miliband et Poulantzas par exemple) doivent bien évidemment être examinés à nouveau frais en raison des mutations historiques du capitalisme contemporain. De plus, ces différentes approches peuvent être enrichies en prenant également en considération le rapport de l’Etat à d’autres systèmes de domination, en premier lieu le patriarcat et le racisme systémiques. - Les transformations de l’État : le rôle et les interventions de l’État doivent être appréhendés historiquement, et ses transformations réinscrites dans le cadre des transformations sociales et économiques. Il s’agit notamment d’analyser, d’une part, la mise en place et le développement de l’État social au cours du XXe siècle, et, d’autre part, sa remise en cause par le néolibéralisme. Est-ce que le néolibéralisme autoritaire correspond à un nouveau type d’État ? Est-ce que les crises économiques et écologiques contemporaines appellent un « retour de l’État », avec de plus forts investissements et une certaine dose de planification ?
- Que faire de l’État ? : Si les États (comme l’État prussien et celui de Napoléon III) auxquels étaient confrontés Marx et Engels apparaissent incontestablement comme des ennemis, la mise en place des institutions et dispositifs constitutifs de l’État social, et les attaques de celui-ci par le néolibéralisme, rendent les débats stratégiques plus complexes. Comment, sans abandonner une critique anticapitaliste de l’État, défendre l’État social contre les attaques néolibérales ? Comment promouvoir des luttes par en bas, sans abandonner le terrain étatique, lequel semble aujourd’hui difficilement contournable ? Quel bilan tirer des deux vagues de gouvernements dits progressistes en Amérique Latine ? En un mot : quelle stratégie face à l’État et au sein de l’État ?
Axe Travail et exploitationDepuis plusieurs années, le travail est de nouveau au cœur de disputes. Sans être exhaustifs, celles-ci portent sur le « sens du travail » après le début de la crise sanitaire du Covid-19 et de la crise climatique ; sur les effets des nouvelles technologies (digitalisation, industrie 4.0, intelligence artificielle) ; sur les transformations des frontières du salariat – retour à des formes « archaïques » de mise au travail (comme le « tâcheronnat »), émergence d’un « capitalisme de plateforme » – dans le contexte d’une tendance à l’hybridation entre formes de précarité et de stabilité salariale.
Axe migrationsLe constat n'est pas nouveau : les déplacements par-delà les frontières de travailleuses et de travailleurs sont à la fois le produit des déséquilibres globaux générés par la domination impérialiste et le développement du capitalisme à l'échelle mondiale, et une nécessité pour des secteurs entiers des économies capitalistes à l'échelle locale, nationale ou régionale. La question des migrations est ainsi au cœur des tensions économiques et politiques des sociétés capitalistes, mais elle prend un caractère d'autant plus urgent qu'elle constitue l'un des carburants de la montée des extrêmes-droites, et que sa gestion par les gouvernements des États capitalistes génère chaque année des milliers de morts. De la frontière sud des États-Unis aux frontières extérieures de l'Europe, en passant par le rétablissement récent des contrôles aux frontières en Allemagne, les gouvernements impérialistes cherchent à limiter et contrôler la circulation de la force de travail provenant de régions du monde marquées par des guerres, des conflits armées ou des situations de pauvreté croissante. Ces politiques ont une double conséquence : d'une part sur la composition des fractions immigrées des classes ouvrières où l'irrégularité du séjour se combine à diverses formes d'exploitation, d'autre part sur les rapports entre États impérialistes et entre ces derniers et les États du Sud, qui se livrent à une surenchère mortifère. L'enjeu migratoire est également pressant du point de vue des pays du Sud, qui ne sont pas uniquement des pays « de départ » mais qui sont aussi confrontés à des migrations internes et à des arrivées parfois massives depuis des pays proches (on pense par exemple aux Syriens en Turquie, aux Afghans en Iran...). Cet axe vise ainsi à rassembler des contributions qui interrogent le rôle de l'immigration dans les sociétés capitalistes d'aujourd'hui et d'hier, du point de vue des pays d'arrivée et de départ, au Nord comme au Sud, à partir des axes suivants (non limitatifs) : Axe Race / RacialisationL'analyse du racisme est percutée depuis plusieurs années par plusieurs discussions importantes : d'une part l'appel à prendre en considérer les formes croisées et combinées des rapports de classe, de genre et de race, d'autre part les débats historiques et sociologiques autour des liens entre naissance et fonctionnement des sociétés capitalistes et racisme. L'ancienneté de ces débats dans la pensée marxiste est attestée par les études pionnières d'historiens marxistes états-uniens sur la construction de la blanchité ainsi que par l'analyse du capitalisme racial en Afrique du Sud par des militants et intellectuels marxistes noirs. L'essor des analyses utilisant la catégorie de « race » est aussi liée à diverses formes de mobilisation qui ont percuté les organisations syndicales et politiques ouvrières en posant le problème de la prise en compte des dimensions raciales de l'exploitation et des dominations, et de collectifs mobilisés autour de ces questions. Une question, polémique, demeure : en quoi la catégorie de « race » est-elle pertinente pour l'analyse marxiste des rapports de domination et d'exploitation ? Afin d'aborder cette question, cet axe accueille des contributions autour des thématiques suivantes (non limitatives) : Axe Écologie politiqueRien ne semble aujourd’hui pouvoir enrayer l’emballement du climat et les perturbations de la biosphère. Le contexte politique mondial caractérisé par une montée en puissance des populismes réactionnaires apparaît comme un obstacle de plus à une révolution écologiste qui serait seule capable d’endiguer la logique productiviste du capital. Dans ce contexte, des mouvements écologistes radicaux ont émergé partout sur la planète, rompant peu à peu avec le dogme de la non-violence et les illusions passées sur le rôle des États bourgeois dans une hypothétique transition. D’un point de vue théorique, cette radicalisation s’est accompagnée d’un renouveau stratégique du marxisme en écologie politique. De la planification à la décroissance, du sabotage aux nouvelles théories écologiques du prolétariat, de la reproduction sociale à la subsistance, l’écologie politique marxiste se présente comme l’un des champs les plus dynamiques de la pensée contemporaine. Il ne laisse pourtant pas de soulever des débats internes sur le rôle des solutions techniques et le productivisme, sur la centralité de la classe ou la dimension impérialiste et raciste de l’écologie du capital. Cet axe vise à rassembler des études concrètes, des réflexions théoriques et des approches stratégiques inspirées par les visions marxistes de l’écologie politique, contribuant ainsi à élucider la signification des controverses internes et leur rôle pour une stratégie révolutionnaire en écologie. Voici une liste non exhaustive de questions qui pourraient être adressées par les communications : Axe Culture et artsSouvent invisibilisée, la question culturelle a pourtant été l'objet de vifs débats au sein de la tradition marxiste, notamment et par exemple, autour du réalisme, de la popularité et des avant-gardes, de son articulation à l’idéologie et au marché. Elle s'appuie pour cela, plus ou moins, sur une multitude d'œuvres et d'essais qui témoignent, fermes ou tâtonnants, de la richesse de cette histoire (opprimée) des pratiques culturelles et artistiques des opprimé.e.s ou de l'appropriation dans une optique résistante ou révolutionnaire de ce qui ne leur était pas destiné. A ce titre, une des questions majeures des temps présents tient probablement à la forme que doit prendre cet héritage : son bilan, ses acquis, ses obsolescences, ses impensés ou ses prolongements possibles. Cela suppose de le discuter, de le faire réémerger dans la vitalité, la pluralité et l'historicité des arguments et des pratiques. Mais ces débats doivent se mener à l'aune des transformations du monde contemporain. Ainsi de manière non-exhaustive : l'évolution des industries culturelles et du marché de l'art, le statut de l'artiste, l'invention et la diffusion de nouvelles formes artistiques, les pratiques culturelles de masse, les innovations technologiques, les offensives et victoires idéologiques de la domination autant que les mouvements qui leur résistent (féminisme, anti-impérialisme, ...). De même, ils doivent prendre acte des œuvres qui inventent et redisposent autrement la question sensible et, plus largement, des contradictions de la pratique de l'art et de la culture dans une conjoncture néolibérale : réception, expression, socialisation. Plusieurs questions se posent donc. Elles nécessitent une attention aux singularités spatiales et historiques ainsi qu'à la diversité des formes, des supports et des disciplines. Elles ont pour elles la profondeur d'un vaste ensemble de débats et d'expériences – leur analyse et les rapports du marxisme à l'art et la culture est déjà, en soi, un objet d'étude.
- Quelle part joue et prend la culture dans les luttes et les absences de lutte, dans la reproduction de la domination, dans la bataille pour l'hégémonie ? Quels liens peut-on analyser entre l'art et l'idéologie, l'art et le marché, entre l'art et l'émancipation et, plus largement, entre l'art et la politique ?
- Quelles œuvres sont faites pour quels publics ? Quelles œuvres sont issues de quels publics ? Comment analyser en marxiste les pratiques de l'art et de la culture, les rapports de l'art à la culture et inversement ?
- Quelles sont ou doivent être les fonctions sociales (historiques et contemporaines) de l’artiste ? Comment envisager la création, l'œuvre, les productions, le travail de l'art ?
- Comment le marxisme renouvelle-t-il l’histoire des arts (notamment la question des valeurs et des hiérarchies, des discordances temporelles) ? Par qui doit-elle être faite, et comment ?
- Que peut être une critique d'art contemporaine matérialiste, non-dogmatique, nourrie des apports contradictoires du marxisme ?
- Quels outils d'analyse développer pour les productions culturelles ? Quelle conception marxiste peut-on développer de la structuration actuelle du monde artistique, de l'évolution des politiques culturelles, des formes d'institution, de leur contestation et de leurs marges ?
- Quelle place faut-il accorder à l'art, la création et la culture dans l’élaboration d’une perspective stratégique ?
Axe Géographie critiqueCet axe a pour objectif d’interroger les dynamiques spatiales contemporaines de la production de l’espace capitaliste et de la lutte des classes. S’inscrivant dans le cadre de la géographie critique, du matérialisme historico-géographique ou encore de la partition proposée par Henri Lefebvre, cet axe proposer d’analyser les nouvelles formes d’appropriation et d’accumulation du capitalisme actuel.
La production de l’espace, la circulation des marchandises et de la force de travail et les processus d’urbanisation en cours dans le monde sont, de ce point de vue, à interroger sous l’angle des luttes qui peuvent en interrompre où inverser la dynamique, révéler ses contradictions internes et ouvrir des terrains de subjectivation politique. HM Paris 2025 intervient après des vagues de grèves et mobilisations qui ont fait des territoires et des réseaux productifs, de l’écologie et des régimes de propriété un terrain fondamental de développement de la lutte de classe.
Pour cet axe, nous sommes particulièrement intéressés par des contributions, y compris à partir d’études de cas, sur les sujets suivants :
Historical Materialism Paris 2025: Combating the CatastropheThe last "International Marx Congress" took place in Paris in 2010. Since then, no international conference explicitly framed within Marxism has been organized in the Francophone world, where various intellectual and political currents could meet and engage in discussions over several days. The aim of the first "Historical Materialism Paris" conference, scheduled for June 26 to 28, 2025, is to bring to light and debate the most intellectually innovative and politically urgent Marxist research. This event is part of the series of conferences organized by Historical Materialism journal, first in London, and then in Ankara, Athens, Barcelona, Beirut, Berlin, Cluj, Istanbul, Melbourne, Montreal, New Delhi, New York, Rome, Sydney, Toronto, and also an online-version for South-East Asia. In the meantime, the world hasn't fundamentally changed, but some of the main trends already in motion have intensified. The process of the de-democratization of states has radicalized, highlighting the entanglement of neoliberalism with authoritarian forms of political domination. The rise of neofascist movements and the fascization of traditional right-wing forces have accelerated on a global scale. Geopolitical tensions between major powers have hardened, with the 2022 invasion of Ukraine signalling the possibility of a broader military conflict. The outbreak of the COVID-19 pandemic in 2020 revealed new global threats to humanity and exposed the deterioration of public health systems. The genocidal war waged by the Israeli state against Gaza since October 2023, with the support of Western imperialism, has illuminated the persistence of colonialism in its most criminal forms. Finally, the deepening ecological crises—2023 being the hottest year since the pre-industrial era and 2024 expected to surpass that—contrast sharply with the inaction of bourgeois governments and are leading us toward the abyss. However, the recent period has not only been marked by the rise of reactionary forces, militarism, and catastrophe; it has also witnessed popular uprisings, mass protest movements, and new alliances between movements that have challenged the dominant order: from the occupations of public squares in 2011 to support for Palestinian resistance, the resurgence of class conflict, the sharpening of anti-racist struggles, the revival of feminist practices, and the radicalization of ecological movements. Intellectually, Marxism has undeniably regained an audience among the critical fringes of the intellectual field and in emancipatory movements, connecting with their most dynamic sectors, despite the absence of mass communist organizations. We have thus emerged from the long period of Marxism’s decline, a period marked by the counter-revolutionary offensive that strongly shaped the intellectual landscape in France during the 1980s and 1990s. At that time, Perry Anderson referred to Paris as the "capital of intellectual reaction in Europe," and Pierre Bourdieu described it as the era when the "latest fashion" was to be "disillusioned with everything, starting with Marxism." This call is addressed not only to researchers, but also to activists and all those who, within the framework of Marxism or in dialogue with Marxism, confront the questions of emancipatory politics. We invite participants to submit panels or abstracts (maximum 300 words) in French or English by 15 February 2025, focusing on the following themes (indicating one or more themes in which their proposal fits). To submit proposals : https://hmparis2025.sciencesconf.org/. To contact us: paris@historicalmaterialism.org. Axis: Marxist Theory
Axis: Class
Axis: Feminism
Axis: Economics
Axis: Fascism and Antifascism
Over the last ten years, a series of phenomena have brought the question of fascism - and anti-fascism - back to the forefront of discussions within the left and Marxism: from the electoral victories of the far right to the genocidal war waged by the Israeli colonial state against Gaza, from the authoritarian hardening of capitalist states to the explosion of terrorist acts committed by supremacist militants. At a time when the Marxist debate on fascism seemed anaesthetized, frozen in ritual oppositions and categories generally inherited from the interwar period, a number of works have enabled us to reappropriate, enrich and renew our questioning, conceptual tools and theoretical and strategic hypotheses. In this axis, we propose to advance on the following questions (without this list being exhaustive): - How can we characterize the contemporary extreme right? Is the category of fascism still relevant for thinking about them, and if so, under what theoretical conditions, or should we resort to other categories (neo-fascism, post-fascism, late fascism, bonapartism, etc.)? - What are the social bases of these extreme right-wing groups, and how do they manage to take root in society? What are the vectors of electoral - and sometimes militant - progression for these political forces? - To what extent can the transformations underway in capitalist states be understood as dynamics of fascization, or should they simply be seen as a continuation of the de-democratization processes associated with neoliberal capitalism? - What role do imperialism and racism, particularly in the form of Islamophobia, specifically play in the processes of authoritarian hardening and the rise of the extreme right? - How are extreme right-wing groups seizing on environmental issues, between unconditional defense of fossil capitalism (carbo-fascism) and calls to build an identitarian ecology (eco-fascism), and what relationship do environmentalist movements have with them? - What transformations can we point to in the gender and sexual politics of the extreme right, from historical fascism to today's various currents of the far right? - How should we think about anti-fascism today, and what role can (or should) it play in the reconstruction of left-wing forces?
Axis: Imperialism
Here is a non-exhaustive list of questions to debate within this axis:
Axis: StateFrom the massive state intervention in the wake of the 2008 crisis, through pandemic management to the ongoing rearmament of all major geopolitical powers, there has been a resurgence of interest in critical research on the state, particularly Marxist-inspired research, for both theoretical and practical reasons. In this section, we propose to explore these themes in greater depth, focusing on the following three issues: - State, exploitation, domination: one of the questions structuring Marxist approaches to the state is its relationship with capitalist exploitation. To what extent is the state an instrument in the hands of capitalists, or does it perform capitalist functions for structural reasons? What is the specificity of capitalist states, compared with ancient and feudal states, for example? Are there any substantial differences between the way states function on a global scale today? How, in any case, can we rethink the question of its relative autonomy? Problems such as these, which can be traced back to Marx and Engels themselves, and which have given rise to famous controversies (between Miliband and Poulantzas, for example), obviously need to be examined afresh in view of the historical mutations of contemporary capitalism. What's more, these different approaches can be enriched by also taking into consideration the relationship of the state to other systems of domination, first and foremost systemic patriarchy and racism. - State transformations: the role and interventions of the state need to be understood historically, and its transformations reinscribed within the framework of social and economic transformations. In particular, we need to analyze the establishment and development of the social state in the 20th century, as well as its undermining by neoliberalism. Does authoritarian neoliberalism correspond to a new type of state? Do contemporary economic and ecological crises call for a "return of the state", with greater investment and a certain amount of planning? - What to do with the state? If the states (such as the Prussian state and that of Napoleon III) with which Marx and Engels were confronted appear indisputably as enemies, the establishment of the institutions and mechanisms that make up the social state, and the attacks on the latter by neoliberalism, make strategic debates more complex. How can we defend the social state against neoliberal attacks, without abandoning an anti-capitalist critique of the state? How can we promote struggles from below, without abandoning the terrain of the state, which today seems difficult to circumvent? What conclusions can be drawn from the two waves of so-called progressive governments in Latin America? In a word: what strategy should we adopt in the face of the state and within the state?
Axis: Work and Exploitation
Similarly, employment is at the heart of research and social mobilizations aimed at updating the concept by considering the dynamics of fragmentation and heterogeneity that characterize contemporary exploitation regimes. Most often, this involves integrating a feminist and intersectional perspective into the analysis of employment, first to account for how race and gender segment labour organizations, and secondly, to explore the subversive potential of a labour force that is increasingly feminized and racialized. Finally, the concept of exploitation is making a comeback on the scene to analyse the relationship between work, employment, and capitalism, while expanding it to include transformations related to digital technologies or the "exploitation of the living" in the context of the climate crisis. This axis therefore aims to gather contributions within these debates, questioning contemporary forms of work and exploitation, particularly based on concepts related to:
Axis: Migrations
Axis: Race / Racialization
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